Les images-phénomènes dans Barberousse, de Kurosawa Akira
A lire dans Artpress2, n°46
La pensée chinoise, souligne François Jullien, «ne sépare jamais entièrement le fait d’advenir (comme phénomène) de celui de reproduire (comme image)». Ainsi, la peinture chinoise délaisse les formes pour les formations, qui sont «ces modifications sans fin auxquelles sont en proie la montagne et l’eau».
La pensée chinoise, souligne François Jullien, «ne sépare jamais entièrement le fait d’advenir (comme phénomène) de celui de reproduire (comme image)». Ainsi, la peinture chinoise délaisse les formes pour les formations, qui sont ces «modifications sans fin auxquelles sont en proie la montagne et l’eau». Elle peint la transition, l’émergence, le passage «entre il y a-il n’y a pas». L’image picturale n’est plus une trace mais un tracé, elle n’est plus la manière dont une réalité se reflète et se fixe, «réifiée dans une forme », mais l’élan par lequel elle se constitue et advient. L’image devient « image-phénomène » et François Jullien traduit par ce terme un terme chinois qui « suffit à couper court à une conception mimétique de l’image ».
Si l’image-phénomène rend compte d’une peinture qui puise dans le souffle-énergie sa puissance, peut-on étendre celle-ci et l’emploi du mot qui la nomme au cinéma ?
Certains, comme Pierre-Yves Bourdil, assure que « le cinéma ne se débarrasse jamais des images ». Avec elle, la représentation reste en jeu qui interroge le film sur son adéquation au réel, pour la revendiquer ou s’en défendre. La recherche de la vérité a ainsi sa méthode, et son antidote. Le réalisme a, chez Bazin, ses précautions d’usage et la modernité encourage l’image au repli. L’image n’a plus besoin d’être juste, si elle est juste une image, et le film se désintéresse de la vérité en même temps qu’il se détourne de la représentation. Dès lors, le cinéma échappe-t-il à l’image-phénomène, en restant tout au plus image de phénomènes par les mouvements qu’il sait capter, ou s’échappe-t-il, grâce à elle, du cadre où analystes et théoriciens l’enferment ?
Si l’image-phénomène rend compte d’une peinture qui puise dans le souffle-énergie sa puissance, peut-on étendre celle-ci et l’emploi du mot qui la nomme au cinéma ?
Certains, comme Pierre-Yves Bourdil, assure que « le cinéma ne se débarrasse jamais des images ». Avec elle, la représentation reste en jeu qui interroge le film sur son adéquation au réel, pour la revendiquer ou s’en défendre. La recherche de la vérité a ainsi sa méthode, et son antidote. Le réalisme a, chez Bazin, ses précautions d’usage et la modernité encourage l’image au repli. L’image n’a plus besoin d’être juste, si elle est juste une image, et le film se désintéresse de la vérité en même temps qu’il se détourne de la représentation. Dès lors, le cinéma échappe-t-il à l’image-phénomène, en restant tout au plus image de phénomènes par les mouvements qu’il sait capter, ou s’échappe-t-il, grâce à elle, du cadre où analystes et théoriciens l’enferment ?