C’est une exposition immersive, dans laquelle l’agissant fait l’oeuvre, à l’instar du regardeur de Duchamp. Le visiteur qui anime le dispositif lui donne ainsi sa pleine fonction.
D’abord il découvre un univers ludique, tout en couleurs. Se crayonnent les mots, les pantins, les bonhommes faits de rondins qui s’empilent. Une forêt de cartoon voit ses troncs verts, aux contours soigneusement repassés, brouillés en dernier lieu par des coulures de peintures qui rayent jusqu’en bas le mur et la toile, par dessus le motif et au-delà. Des petites sculptures cirées rouge sont démultipliées par leurs ombres.
L’espace d’exposition est un espace de jeu, espaces du je qui se met en scène et s’invente. Les doudounes sont des costumes à enfiler pour le selfie, les sièges sont des bascules à chevaucher pour la story. L’univers de l’artiste s’installe dans les pratiques sociales pour lui donner du grain à moudre. Décroché le coeur en tulles, actionné le pantin.
Les accessoires recherchent individu à accessoiriser.
Dans les cabines d’essayage, on s’essaye à écrire sur les murs.
Au sous sol, c’est l’orage. Le tonnerre tonne. Entre deux éclairs, deux silhouettes, celles des artistes, passent sur des écrans qui s’allument alternativement. Il faut pour les voir, se tourner et réorienter le regard. Dans le noir, il est impossible de repérer le volume et la configuration du lieu, d’autant que les changements d’échelles des images en brouillent aussi les dimensions. La profondeur et la proximité se côtoient.
De la peinture d’histoire qui retrace les faits d’armes, aux dessins d’histoires et d’états d’âme… L’art joue de l’air du temps.