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Sylvie Lopez-Jacob

Exercices philosophiques

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Archives for janvier 2024

Atelier philo sur l’altérité à la maison d’arrêt de Bourges

24 janvier 2024

Un travail philosophique sur le thème de l’altérité a été organisé en novembre et décembre derniers à la Maison d’arrêt de Bourges.

Avertie du projet avant l’été, j’ai envisagé plusieurs pistes de réflexion sur le sujet : la question de l’alter ego, de l’altération, de l’aliénation. J’ai effectué un choix de textes, mais aussi de courts-métrages susceptibles d’amorcer l’échange et le travail d’écriture, puisque le projet de publication d’un livre était en jeu.

La difficulté principale était de ne pas savoir à quel public j’allais devoir m’adresser. Je ne pouvais anticiper ni le nombre des participants, ni leur niveau d’étude, ni leur maitrise de la langue.

La première séance m’a permis très rapidement d’écarter la vision préconçue qui nourrissait, à mon insu, mon approche du travail. Les six détenus présents pour l’exercice ne manquaient pas de mots pour décrire leur vécu. Ils se sont au contraire montrés très prolixes. L’objectif a donc été non pas d’encourager leur prise de parole, mais d’en élargir l’horizon. L’expérience de la prison devait être un ancrage pour la réflexion, et non le cadre qui lui conférait ses limites. Un autre enjeu a été de canaliser une parole abondante et peu structurée, qui rendait difficile l’élaboration d’une pensée. Le passage par l’écriture a été le moyen d’offrir à chacun l’espace et le temps nécessaires à cet exercice.

La seconde séance a donc été axée sur certaines phrases entendues lors de la première séance et qui, à mon sens, méritaient développement. « Ici, on devient étranger », « En prison on apprend l’impatience », « l’enfer c’est les autres » (réminiscence sartrienne de l’un des participants) ont été les premiers outils pour stimuler le passage à l’écrit. J’ai découvert que la plupart des textes produits étaient certes courts, mais ne manquaient ni de profondeur ni de poésie, ce qui était prometteur pour la suite.

La troisième séance a donc encouragé la poursuite de l’exercice en proposant plusieurs pistes. Faire son autoportrait, faire le portrait d’un autre en choisissant 9 points de vue, s’aventurer sur les traces de Perec par l’incitation « je me souviens » … Tout cela a donné lieu à d’autres textes tout aussi étonnants qui ont inspiré la réflexion philosophique sur le rapport à l’autre et le rapport à soi par le biais de la mémoire et de ses limites.

Lors de la dernière séance, les conditions matérielles rendant impossible la projection des courts-métrages que j’avais d’abord envisagée, ce sont des images d’œuvres d’art qui ont soutenu et conduit l’analyse du visage par lequel l’autre nous apparait. Michel Ange, Friedrich, Otto Dix, Velasquez ont, pour ne citer qu’eux, inspiré des analyses souvent sensibles. Un texte de Levinas sur le visage et le sens qu’il donne à la relation éthique a conclu notre réflexion commune.

De cette expérience, je garde, non sans émotion, le souvenir de personnes qui ont su montrer leur humanité, en dépit du contexte et du passé lourd dont il témoigne.

Je regrette néanmoins l’absence d’échanges et de concertation avec les autres ateliers abordant le même thème, à travers la pratique théâtrale et la création plastique. La réflexion aurait pu sans doute trouver dans les témoignages recueillis à l’occasion de ces pratiques et dans les productions récoltées de quoi nourrir son approche.

 

 

Géométries

18 janvier 2024

Exposition de Claude et Nadia Pasquet

Palais Jacques Cœur, Janvier 2024

Dans la salle commune du Palais Jacques Cœur, quatre placards creusés dans la pierre forment un quadriptyque. Quatre carrés, redoublés par le cadre carré des volets qui les couvrent. Accroché sur le mur perpendiculaire, une toile, quadrillée, offre à cette figure sa réplique. Sur la trame dessinée s’accrochent, comme les notes sur la partition, des rectangles colorés, larges ou amincis.

Dans l’annexe de la salle de l’étuve, est posée sur le sol une forme lisse. Bilboquet retenu par un fil enroulé, coquillage repêché, son renflement remplace le cœur de la coquille et laisse attendre sur l’autre face le creux que l’on colle à l’oreille pour entendre le bruit des vagues.

C’est l’avant-poste de la prochaine installation. Sur des socles carrés sont gravés en filigranes des symboles, cartes anciennes d’antiques cités. Y reposent les formes rondes et lisses de galets, toupies, cubes ou amphores, polis par une vie sous-marine, à moins qu’il ne s’agisse de météorites échouées. Douze socles comme les douze mois de l’année, les douze signes du zodiaque, les douze premiers jours de la lune dans son cycle.  C’est un monde parfait, ou bien un jeu d’échec avec ses diagonales de vestiges.

Dans la chambre consacrée à la flotte de l’argentier, des petits rocs sont disposés sur un mur nu, formant un chemin de croix, ou de halage, et les filins qui les relient schématisent un échafaudage. Dans ce palais historique, d’où le passé a disparu, s’amorcent les six colonnes d’un édifice imaginaire.

 

En arpentant ainsi les salles, le visiteur qui traverse devient à sa façon géomètre. L’alignement des céramiques de Nadia Pasquet, l’organisation rythmique des tableaux de Claude formalisent l’agencement des dalles et des carreaux, la symétrie des moulures, toute la composition à laquelle le monument doit son juste équilibre.

Mais ce qui frappe celui qui s’aventure, ce ne sont pas les formes que des formules immortalisent, mais leur variation qui fait le jeu de la logique. La composition, chez les deux artistes, est une combinaison, de couleurs et d’intervalles, de perspectives et de points de vue. Un cercle est gravé dans la matière ? Il dessine aussi le contour du volume, il se devine dans son ombre portée, et se trace sur la base comme la mire qu’a visée l’ovni dans sa chute.

 

Dans la chambre des ans, cinq toiles sont suspendues, scandées par la répétition des lignes formant, à intervalles réguliers, des diagonales ou des quinconces. À les regarder de près, la construction est méthodique dans sa façon d’agencer les espaces. Les rectangles se décalent, ou se croisent, ils s’élèvent par palier. Leurs piliers permutent en un dégradé de gris.

Mais pour peu qu’on lâche prise pour laisser flotter le regard, la toile vacille et se trouble. La surface se dédouble et s’approfondit, elle déploie des coteaux qui s’alignent, des rangées de draps dépliés qui sèchent au vent. L’imaginaire s’emballe à mesure que la vue se brouille. La mesure de l’espace a créé l’illusion du mouvement, et elle laisse le visiteur pris de vitesse, embarqué par des trajectoires filantes, et un art qui s’arrange pour créer la vie.

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