• Skip to primary navigation
  • Skip to main content
  • Skip to primary sidebar

Sylvie Lopez-Jacob

Exercices philosophiques

  • Accueil
  • Actualités
  • Publications
  • Activités
    • Biographie
    • Enseignement
    • Recherche
  • Visuels
  • Contact

Archives for septembre 2020

La vague et la main

26 septembre 2020

La peinture, selon Picasso, ne doit pas imiter la nature mais travailler comme elle. En serait-il de même pour la photographie ? Pour le cinéma ?

Chez Raphaëlle Peria, la prise de vue n’est que l’amorce de la création. La fraise, la gouge ou le poinçon opèrent sur la pellicule photographique comme le scalpel sur la peau, pour produire la métamorphose. Sous le paysage, décapé, blanchi, une autre image surgit, comme celle que la mémoire retouche.

Le film de Brigitte Barbier n’est pas en reste. Il épouse le processus qu’il décrit et travaille à son tour comme l’artiste. Du flou cohabite avec la netteté dans l’image et la mise au point joue à les inverser. Par le reflet qui la creuse ou le relief que produit son abrasion, la surface filmée par la caméra devient une profondeur qui s’explore. Les plans, comme les souvenirs, reviennent. Ils se reconstituent. Il faut d’abord voir la vague puis la main pour saisir enfin l’artiste au travail sur la plage.

La réalisatrice, à l’instar du peintre et du photographe, ne montre pas mais rend visible. L’horizon émerge comme une ligne que trace la voiture en mouvement. L’arbre se devine au feuillage que la décélération rend moins flou. Encore ce dévoilement n’a-t-il lieu qu’en partie et l’artiste elle-même n’est jamais dévoilée. Elle n’apparait qu’à moitié, de profil, en amorce, ou trop loin pour qu’on en distingue les traits. La voix devance l’apparition du visage sans jamais s’y greffer.

En progressant ainsi, d’aperçus en réminiscences, le film n’explique pas l’oeuvre, il en construit la compréhension. Les gestes nous conduisent vers l’action, et leurs effets laissent deviner son résultat. Le film met notre mémoire au travail. Il la sonde, et les voix chuchotantes qui, soudain, flottent comme une armée d’ombres autour de la pellicule déroulée, nous remettent La Jetée de Chris Marker à l’esprit.

Le film finit par offrir sa pellicule comme on donne son corps à la science et il est, à son tour, travaillé par l’artiste. Eraflée par la lame, marquée par les sillons, la dernière séquence n’est plus qu’un dessin qui s’anime, et les traits blancs progressent comme une algue prolifère, pour couvrir la falaise de liserons blancs.

Ce n’est plus l’oeuvre qui donne au film son motif, mais c’est le film qui donne sa matière à l’oeuvre : y a-t-il plus belle manière de servir son sujet ?

Sylvie Lopez-Jacob

Primary Sidebar

Les derniers articles

Catégories

  • Cinéma (15)
  • Divers (20)
  • Pratique martiale (4)
  • Publications (1)

Nuage de mots-clés

Analyse filmique Art Eduquer Espace Image Kurosawa Akira livre spectacle

Archives

  • mai 2022
  • juillet 2021
  • avril 2021
  • septembre 2020
  • mai 2020
  • avril 2020
  • mars 2020
  • décembre 2019
  • octobre 2019
  • septembre 2019
  • août 2019
  • juillet 2019
  • juin 2019
  • décembre 2018
  • août 2018
  • juillet 2018
  • avril 2018
  • mars 2018
  • janvier 2018
  • décembre 2017
  • novembre 2017
  • juillet 2017
  • juin 2017
  • mars 2017
  • juin 2015

Copyright © 2017–2023 Sylvie Lopez Jacob - Design BorderTop · Mentions légales