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Sylvie Lopez-Jacob

Exercices philosophiques

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exposition

“Dans l’air tout ému”

20 juillet 2025

Le Duende est cette force mystérieuse et archaïque à laquelle le chanteur de flamenco doit sa puissance. Mais pour Didi-Huberman, ce concept de Garcia Lorca dépasse les frontières de l’Espagne. Il résonne avec la force dionysiaque dont Nietzsche fait le ressort de la tragédie, avec cette augmentation de la puissance d’agir qui est chez Spinoza l’essence même de la joie. L’artiste est traversé par un courant qui le dépasse, le met en mouvement et le spectateur avec lui.

Ainsi, le ressort de la création est le ressort de l’émotion.

L’émotion n’est ni un état d’âme ni un comportement, elle est « atmosphérique », portée par l’air auquel elle donne sa densité.

Elle passe sur le visage filmé du jeune enfant comme un nuage poussé par le vent, ou elle brise dans un air raréfié le récit des survivants d’Auschwitz.

Elle vibre au rythme des collusions d’images dans l’atelier d’Aby Warburg, des partitions de Goethe, des percussions, des pas martelés d’Israel Galvan, des silhouettes dansantes d’Henri Michaux ou des formes dupliquées par le dépliage de Hantai. Chez Pasolini, elle inspire le vent des révoltes, elle expire la douleur du deuil, elle respire la lutte.

L’émotion donne leur rôle aux poètes, celui de bâtisseurs de mondes.

« L’enfant regarde, regarde, dit le poème. Il est sombre mais aérien (…). Sous les bombes, les enfants sont encore capables d’utopie ».

Chiharu Shiota

19 février 2025

L’exposition de Chiharu Shiota, est d’abord un entrelacement de fils sous lequel le spectateur se fraye un passage, rouge sang, ou noir, comme les cendres. Ces cocons immenses impressionnent (comme le fait tout immensité), mais ils n’annoncent pas une naissance, plutôt un répit, avant une déglutition. Les fils tissés bouillonnent au-dessus de nos têtes comme un brouillard, ils enserrent les murs, chaises, objets, jouets, ou miniatures. Ils enferment en cage deux robes blanches de mariées. L’air est dense, saturé. Sur les écrans, l’artiste nue s’enduit de peinture et de boue et s’ensevelit, vivante. Sa peau, toujours poisseuse, ne respire plus. Elle se couvre entièrement d’un flot de peinture toxique. Elle semble mimer sa mort. Le lien qu’elle met partout en scène, loin de garder la mémoire vive et d’irriguer nos vies, est un cordon qui ligote et qui étouffe.

 

Mais, plus frappant encore que l’œuvre et le climat qu’elle diffuse et qui persiste longtemps, est la multiplication des textes explicatifs qui s’affichent partout, survivance d’une croyance désuète qui assigne au regard la mission de « comprendre » le message de l’auteur.

Ainsi, le tissu exposé serait cosmique et organique à la fois, unissant dans une organisation analogue le corps humain et la nature. Les canaux sanguins et les courants telluriques sont les occurrences d’une même énergie. S’accumulent les allégories, les chaussures des déportés, les visages disparus, les valises laissées en chemin par le mouvement ascensionnel d’âmes enfin allégées. A chaque salle son inspiration affichée, incendie, maladie, angoisse. La visite se déroule en terrain conquis.

Ce but avoué de « penser » son art nous invite à la réflexion. Penser est ici, comme souvent, éclairer, amener de l’ombre à la lumière en explicitant l’implicite. Penser dévoile.

Mais qu’en est-il quand il s’agit de penser une œuvre d’art ? Quand il évoque la relecture d’Aristote par Averroès, Jean-Baptiste Brenet (Qu’est-ce que penser ?) suggère une autre voie. Il évoque la vertu de l’obscurité qui seule rend possible la phosphorescence. Penser n’est pas mettre en lumière mais voir la nuit.

Au pouvoir du dire qui enferme la chose dans les limites de la définition, sous l’étiquette du mot, la pensée préfère la puissance de l’expression qui ouvre la chose sur une infinie relecture. Comme la poésie libère le langage de sa fonction informative, la pensée est poétique quand elle laisse la chose rayonner et inspirer sans cesse l’interprétation.

L’œuvre d’art, à l’instar des lucioles, des écailles ou encore des prunelles des animaux sauvages, a besoin de pénombre pour laisser sa lumière diffuser et livrer ainsi sa puissance.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Arte povera

26 novembre 2024

En accueillant plusieurs artistes de l’arte povera, la rotonde de la Bourse de Commerce se déploie comme un globe, avec ses pôles et ses méridiens, ses surfaces et ses chutes. Sur le crâne d’un homme sculpté tombe continuellement un filet d’eau qui introduit le temps dans cet espace vectorisé. Des vêtements s’amoncellent comme des rebuts, symptômes d’une époque qui opère déjà son virage vers la consumation frénétique de l’énergie vitale.

Au bord de la circonférence, un tronc lisse et sculpté se niche dans un tronc rugueux. C’est un avant-goût du travail de Penone auquel une galerie se consacre.

La pièce est une forêt.

Dans un amas de feuilles, le corps a trouvé son moulage, aléatoire et modulable au gré du vent. Un tableau recompose la surface ridée d’une écorce ou l’étendue d’un sol hérissé d’épines.

Sur un arbre, l’artiste a posé son geste comme un sceau : une scarification, une empreinte, une surface dénudée. Uni au végétal, l’homme grandit avec lui.

L’art ne défigure pas l’arbre, mais il se laisse transfigurer par sa poussée.

L’art intégré à la vie est par elle façonné et il trouve en elle le principe de sa transformation silencieuse.

 

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