S’envoler : se dit des choses légères que le vent emporte.
L’envol est d’abord l’apanage du corps appareillé : portés, collés, fixés, les ailes ou ressorts offrent au corps l’extension nécessaire à sa métamorphose, à moins qu’un propulseur n’aide à la prise de hauteur. La photo témoigne du dispositif mais c’est au spectateur d’en imaginer les effets.
L’envol est parfois une illusion d’optique que la représentation elle-même produit. Nul besoin de changer les attributs du corps, dés lors qu’on peut en suspendre le mouvement. C’est ici l’image qui doit réinventer le rapport du corps à l’espace. De ce point de vue, l’envol n’est plus une promesse, mais un instantané photographique. Il est donné à voir plutôt qu’à vivre. C’est l’envol du chat qui bondit, ou du danseur, fixé par le sculpteur, en plein saut.
L’envol est aussi la manière dont l’air devient palpable. C’est le vent dans les voiles, le vent qui porte le cerf volant humanoïde dans le ciel de Barcelone, ou qui soulève des pantins en plastiques pour les faire danser.
Mais parfois, l’envol a lieu, sans décollage. Il n’est plus besoin d’un sol que l’on quitte, pourvu qu’un ciel élève, dans un mouvement ascensionnel, une extase. Ce mouvement est celui des yeux, révulsés par la drogue, ou par la foi.