Un chat. Une forêt. Des menaces.
Il faut courir pour échapper aux chiens qui ont pris le chat en chasse.
Un troupeau de chevreuils détale, visiblement poursuivi.
Un son prévient l’image, celle d’une eau déferlante qui envahit l’espace du sous-bois et engloutit la végétation.
Le chat se noie, émerge, disparait à nouveau, et regagne enfin une terre épargnée.
La surface de cette mer improvisée est une frontière entre des sons assourdis par la plongée et ceux, vifs, de l’eau bouillonnante.
Les sons reconstituent, plus vrais que nature, l’essoufflement, les aboiements, les bruits d’ailes et de bec.
Dans ce déluge, une arche miraculeuse se profile qui embarque à son bord un loir, un chien, un oiseau blanc, le chat qui regarde l’oiseau, démesuré.
Jamais chat ne fut plus félin dans sa façon de fuir, de s’étirer, d’être à l’écoute. Quand il se détourne du chien qui cherche une relation amicale, son dédain est la quintessence du dédain, mélange d’indifférence et de hauteur.
L’animation manifeste sa puissance en révélant l’essence sous les phénomènes.
Les changements naturels ont aussi une visibilité saisissante, et l’eau déferle comme aucune eau, elle miroite sur le pelage, elle file à travers les bancs de poissons.
C’est un voyage initiatique qui nous fait aussi toucher du doigt toutes les relations qu’un huis-clos exacerbe, comme la méfiance, l’obsession d’amasser, le goût du contrôle ou l’entre-aide.
L’eau calmée finit par retrouver son caractère réfléchissant et laisse les personnages et nous méditer sur le devenir du monde, mais le message est jusqu’au bout suggéré dans cette création animée qui jamais ne sacrifie à la clarté de l’évidence ses nuances et sa complexité.