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Sylvie Lopez-Jacob

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Chronique des temps nouveaux

21 mars 2020

L’espace privé peut-il survivre à la disparition de l’espace public?

L’allocution présidentielle m’a laissée songeuse. Des injonctions multiples prononcées à mots ouverts ont laissé entendre que l’espace privé, une fois l’espace public déserté, devenait l’enjeu du pouvoir. Que la vie sociale s’interrompe ? Voici la vie de chacun en plein phare et l’on vous dit tout net comment il vous faut vivre : lisez, téléphonez à vos proches, faites de l’exercice. Et si, déconnectés, vous perdiez votre ancrage et sombriez dans l’inertie, ou, pire encore, la négligence qui vous fait laisser aller votre vie ? L’État est là pour vous rappeler à la vigilance. Entretenez-vous, ne laissez pas, en vous, s’éteindre la force vive, dit la nation. Voici devenue perméable, ouverte à tous les vents, l’intimité. La patrie, mère, veille et gère votre espace, donc, aussi, votre temps.

Ne pas sortir, mais non par choix. Etrange recueillement qui n’évacue pas l’activité mondaine mais entend son silence. Comment rester étranger à la rumeur du monde quand celle-ci s’est tue ? Se recentrer sur soi est chose ardue quand la rue écoute. Comme si, au fond, d’ordinaire (ce mot est à méditer), la pensée s’appuyait sur le bruit qu’elle écarte. Comme si elle trouvait dans cette opposition dialectique l’élan de son action. Se retirer du monde n’est pas aisé quand le monde lui-même est en retrait. Sans le divertissement, l’être peut-il opérer cette conversion par laquelle il médite ?

Celle-ci est plus que jamais une conquête car la rumeur qui a fui la rue résonne désormais dans les postes, elle envahit les écrans. L’altérité n’est plus dehors, dans l’espace, sur la place réservée aux rencontres, mais dedans. Le salut civil a cédé le pas au message numérique, beaucoup plus insistant. L’un avait lieu dans l’instant, au croisement, au tournant. L’autre se multiplie et enfle comme une hydre. La vie sociale, privée de lieu commun, s’invite et se ramifie en réseaux, rhizomes dans les coins, autrefois reculés, de la maison. L’on croit fermer la porte à l’invité surprise mais une fois celle-ci close, on le découvre installé. La lutte n’a pas caché longtemps son enjeu. En faisant croire au repli salutaire elle a ouvert l’espace intime à la foule qui s’invite et s’immisce par les échanges virtuels qu’elle multiplie. Restez en ligne : si cela signifie mordre à l’hameçon, ça fend la peau et blesse. Le confinement n’est-il pas, au sens propre, ce qui touche aux limites ? Videz l’espace public, et l’espace privé se remplit, de ces tutoriels qui appellent, car c’est là leur condition, qu’on leur autorise l’image et le son. Tandis que les corps sont murés, on ouvre sa porte aux images. Et, dans cet espace restreint, c’est le temps qui se met à manquer. Il paraît filer plus vite.

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